Morgan Sportès

Ils ont tué Pierre Overney , par Clicanoo.com

Maos un jour, bourgeois toujours ! CLICANOO.COM | Publié le 9 mai 2008 En mai 68, les enfants du baby boom lançaient des pavés sur les CRS. Quarante ans plus tard, devenus papy boom, ils lancent des pavés (littéraires) sur les étals des libraires. De cette moisson, nous avons choisi un roman-reportage particulièrement percutant, éloigné de toute nostalgie et de tout héroïsme de pacotille : “Ils ont tué Pierre Overney” (Grasset) de Morgan Sportès. Qui est Pierre Overney ? Un jeune ouvrier, épris de justice sociale, fasciné par les jeunes maoïstes français. Qui sont les “maos”, comme on les appelle ? Des fils à papa qui jouent à la révolution chinoise et fustigent, dans d’immenses appartements prêtés par la grande bourgeoisie, le Parti communiste français et la CGT, accusés d’être les valets de l’impérialisme. “Le pouvoir est au bout du fusil”, clament-ils, entre deux cours à Normal Sup’ ou à la Sorbonne, encouragés par le cacochyme Sartre et le trop fougueux Foucauld. Des gens comme Pierre Overney, peu habitués aux subtilités de la rhétorique révolutionnaire en chambre, prendront pour argent comptant ce désir de monde meilleur qui ne peut s’obtenir que par la violence. Il sera assassiné le 25 février 1972 par un membre du service d’ordre de l’usine Renault, à Boulogne-Billancourt. Un an et demi plus tard, les maoïstes vont s’auto-dissoudre et investir les postes de commande de la société. Serge July sera le “patron” de Libération et dérivera vers une apologie du libéralisme. Le “philosophe” André Glucksmann deviendra le défenseur attitré de... George W. Bush et Nicolas Sarkozy. Le journaliste Etienne Mougeotte, surnommé “Rougeotte” pour son côté radical, se fera laveur de cerveau pour le compte de TFI. L’écrivain Philippe Sollers passera du maoïsme au libertinage, de l’apologie de Mao à celle d’Edouard Balladur ! Quatre jours après la mort d’Overney, il écrivait : “Camarade Overney, tu seras vengé. Les contradictions objectives ne peuvent pas être maîtrisées par l’ennemi capitaliste et révisionniste.”

Bruno Testa