Morgan Sportès

L’APPÂT, emission France 2 du 11/5/2010 : "Faites entrer l’accusé"

Un APPÂT TERRIFIANT par Pierre de Boishue

Classement de l’article 11 mai 2010 Le Figaro Un livre de Sportès, un film de Tavernier APRÈS quatre ans d’enquête, riche de plus de quarante témoignages, le romancier Morgan Sportès signa en 1990 l’ouvrage baptisé L’Appât. Passionné par ce fait divers, comme des millions de Français, il avait notamment suivi l’intégralité du procès. « À l’époque des faits, on avait découvert un genre de meurtres complètement nouveau, explique-t-il. Des gamins tuaient sans réelle motivation. » Il trouvera « relativement honnête » le film de Bertrand Tavernier, dont il déplore encore le manque de brin de folie « à la Tarantino ». Réunissant Marie Gillain, Olivier Sitruk, Bruno Putzulu, Richard Berry et Clotilde Courau, L’Appât avait obtenu en 1995 l’ours d’or au Festival de Berlin. Il sera diffusé ce soir après le débat. P. B

Faites entrer l’accusé » revient sur ce fait divers des années 1980 que Bertrand Tavernier a adapté au cinéma. « Dans son village, personne ne sait qui il est. Il se prépare à un moment difficile. Mais il assume, comme il l’a toujours fait. » Clémence Badault, réalisatrice du numéro de « Faites entrer l’accusé » proposé ce soir en prime time, a décroché une interview exclusive de Jean-Rémi Sarraud. Si ce nom ne dit rien au grand public, son histoire demeure dans les mémoires. Car les actes atroces que cet homme a commis avec Laurent Hattab glacent encore le sang. Retour en 1984. Chargée de séduire des clients fortunés dans une boîte de nuit parisienne, Valérie Subra, 18 ans, s’arrange pour introduire ses deux complices chez les victimes. L’horreur est au rendez-vous. Par deux fois, les bourreaux tuent avec une violence inouïe pour emporter des butins dérisoires censés leur ouvrir les portes de l’Amérique. Libéré en 2003, après avoir été condamné comme les autres à la perpétuité, Sarraud décrit la folie meurtrière qui les habite au moment des faits : « On est dans une spirale infernale » , indiquet-il. Citant le rapport des experts, Dominique Rizet rappelle leur « grande immaturité » et leur « égocentrisme démesuré » . Christian Flaesch, commissaire à la brigade criminelle de Paris entre 1983 et 1988, se montre d’ailleurs stupéfait lorsqu’il interroge Valérie Subra pour la première fois. « Il y a un tel décalage entre sa jeunesse, sa fraîcheur et puis l’horreur des scènes de crime. » Ce 20 décembre 1984, elle pense même qu’elle pourra passer Noël en famille.

En fin d’émission, Christophe Hondelatte demande à Jean-Rémi Sarraud les raisons pour lesquelles il témoigne aujourd’hui à visage découvert. « Pour payer complètement ma dette, répond-il. C’est aussi pour tourner une page de l’histoire. » « Il veut faire passer le message selon lequel la prison lui a permis de se reconstruire » , précise Clémence Badault. Un sujet qui nourrira le débat programmé dans la foulée. Après s’être marié derrière les barreaux, Jean-Rémi Sarraud, devenu père, travaille désormais dans le secteur informatique. « C’est le seul des trois à verser des indemnités aux familles » , observe la journaliste. Subra et Hattab, eux, ont pris le large à l’étranger après avoir purgé leurs peine